Napoléon à l'ile d'Elbe, un monaco avant l'heure
- N.K.
- 15 août 2017
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Nous sommes le 31 mars 1814, Napoléon s’est réfugié à Fontainebleau suite à la prise de Paris par les armées coalisées (anglaise, russe et autrichienne). Le tsar, refusant de se confronter avec Napoléon, discute des conditions du traité de paix et de l’exile de Napoléon avec Caulaincourt, ancien grand écuyer de l’empereur (1er assistant) et en 1814, ministre des relation extérieurs. En effet, l’Empereur à certes encore sous ses ordre 40 000 hommes, ce qui permettrais éventuellement une reprise de Paris et une reconquête du territoire français, mais ses maréchaux, qui lui avait pourtant juré fidélité ont pour la plupart retourner leurs vestes.
Alors que Caulaincourt suggère de laisser à Napoléon la souveraineté de la Corse, de la Sardaigne et de Corfou, le Tsar exige de réduire le territoire à l’ile d’Elbe, une ile à mi-chemin entre la Toscane et la Corse, d’à peine le double de la superficie de Paris intra-muros. Bien que les Anglais et les Autrichiens ne sont pas d’accord, voulant exilé l’empereur plus loin et ne plus lui laisser de territoire à gouverner, le Tsar, ancien ami de l’empereur envoie sa proposition à Napoléon.
Le 11 avril 1814, Napoléon signe le Traité et abdique officiellement. A fontainebleau, l’ancien empereur fait ses adieux à la vielle garde, dont certains hommes le suivent depuis l’Italie « Soldats de ma vielle garde, je vous fais mes adieux. Depuis vingt ans, je vous ai trouvés sur le chemin de l’honneur et de la gloire. Dans ces derniers temps, comme ceux de notre prospérité, vous n’avez cessé d’être des modèles de bravoure et de fidélité. Avec des hommes tels que vous, notre cause n’était pas perdue. Mais la guerre était interminable, c’eut été la guerre civile et la France n’en serait devenue que plus malheureuse. J’ai donc sacrifié tous nos intérêts à la patrie ; je pars. Vous, mes amis, continuez de servir la France. Son bonheur était mon unique pensée ; il sera toujours l’objet de mes vœux ! Ne plaignez pas mon sort ; si j’ai consenti à me survivre, c’est pour servir encore à notre gloire ; je veux écrire les grandes choses que nous avons faites ensemble ! Adieu, mes enfants ! Je voudrais vous presser tous sur mon cœur ; que j’embrasse au moins votre drapeau ! » avant d’embrasser le drapeau français et de partir avec environs 700 hommes (200 de plus que prévus) de la vielle garde pour son nouveau royaume.

Lors de sa descente pour Fréjus, où il doit embarquer, il se rend compte de l’état d’esprit de certains français, notamment dans les régions royalistes qu’il traverse, plutôt hostile à l’ancien empereur. Le 4 mai 1814, il s’embarque alors dans le port de Provence sur une frégate anglaise « the Undaunted », qui, au bout de cinq jours, voit apparaître les cotes de l’ile. La frégate, voguant pavillon anglais est par ailleurs accueillis par des coups de canon qi manquèrent de la couler. Une fois la frégate à quais, l’empereur fut accueilli tels un héros avec une fanfare et la population en délire jetant des fleurs sur son passage sous les cris du « Evviva il imperatore » jusqu'à l ‘église paroissiale de Portoferraio ou fut joué un Te Deum.

Après avoir passé quelques jours dans un appartement de fonction de la mairie, Napoléon s’installe au Palazzina dei Mulini. Cette villa est située sur les hauteurs de l’ile d’Elbe avec vue sur la mer. Il nomme le général Cambronne commandant de la garde impériale et commandant de la place de Portoferraio, Antoine Drouot ministre de la guerre et le maréchale Bertrand ministre de l’intérieur.
Dès l’arrivée de l’empereur, la ville devient un véritable nid d’espion à la solde de Louis XVIII, des anglais, des autrichiens, des russes, de sympathisant français, de contre-espions elbois, … Durant les trois cents jours de son règne, Napoléon dynamise l’ile créant un Monaco avant-l ‘heure. Il couvre l’ile de routes, de fortifications, d’irrigations, … Il fait planté des oliviers pour créer de l’huile (encore aujourd’hui très prisé), des muriers favorisant l’élevage des vers à soie, développe la culture de la pomme de terre, le commerce viticole ou encore l’industrie minière.
En plus de toute ces améliorations d’ordre économiques, Napoléon améliore les conditions de vie des elbois et améliore la bourgade insalubre de Portoferraio. Il fait construire un hôpital et adopte des mesures comme par exemple sur le ramassage des poubelles.
Le problème est que tous ces travaux coutent très chère en plus de la cour impériale et que les 2 millions de francs annuels promis par Louis XVIII lors du traité de fontainebleau ne lui sont plus versé et donc l’empereur doit donc augmenter les taxes bien au-delà de ce que les 12 000 habitants de l’ile étais habitué à payer. Si bien que plusieurs révoltes furent lancé sans qu’aucune ne parvienne à changer la moindre chose. De plus, Napoléon entend parler que les anglais prévoient de l’enlever pour l’emmener sur une ile de l’atlantique sud, l’ile de Saint Hélène. Il n’en faut pas plus à l’empereur pour s’enfuir et partir à la reconquête de la France. Mais ça c’est une autre histoire…
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