Bella Ciao, un chant à travers les âges
- N.K.
- 27 août 2018
- 2 min de lecture
Devenue en quelques mois le tube de l’été 2018, le chant révolutionnaire « Bella Ciao » est désormais entonné sans relâche dans la rue. Mais ce chant des partisans version italienne à une histoire bien plus riche que ce que la version chantée par Maitre Gims laisse entendre.

À l’origine ce chant est un chant d’indignation entonné par les mondines, les travailleuses des rizières italiennes, afin de dénoncer les durs conditions de travail. Le "Bella Ciao" correspond à l'époque au bonjour des passant aux jeunes filles qui travails activement dans les rizières de la région du Pô. Ce chant, devenu chant de contestation notamment en 1908, lors du passage à la journée de 8 heures, va être repris en 1944 par certains résistants italiens du nord de la péninsule grâce à Giovanna Daffini, ancienne mondaine, chanteuse et résistante qui va l'importer au sein des réseaux établis.


Cependant, Fischia di viento, un autre chant résistant, plus universel à toute l’Italie va plutôt s’imposer après-guerre comme le chant de la libération italienne. Mais ce chant, aux paroles explicitement communistes va, durant la guerre froide, peu à peu être éclipsé par le gouvernement italien, à l’époque pro-américain, pour mettre en avant le chant des résistants du Nord de l’Italie, Bella Ciao. En 1962, au lendemain de la crise de Cuba, Yves Montant, chanteur français d’origine italienne va brillamment la réinterpréter et va lui donner un nouveau souffle. Le chant, à l’origine antifasciste, va devenir le symbole international de la lutte communiste et anarchiste, notamment grâce au chanteur soviétique Muslim Magomayev qui va contribuer à populariser ce chant.
En 2017, la série espagnole "La Casa de Papel" qui raconte comment un groupe de cambrioleurs organise le braquage de l'Imprimerie Nationale de la Monnaie et du Timbre à Madrid. Retranchés à l'intérieur du bâtiment, les gangsters "résistent" à leur façon et leur chant de ralliement n'est autre que "Bella ciao".

Peu après cela, Maitre Gims profite du succès planétaire de la chanson et interprète sa propre version, déformant totalement les paroles et laissant de côté le message politique pour en faire une chanson d’amour.Comme le signale l'historien de la chanson Bertrand Dicale, « Tout comme Le Temps des Cerises, (chanson qui symbolise la défaite de la commune de Paris), Bella Ciao est condamnée à perdre son message politique au profit de son rythme entrainant. C’est le triste sort des chanson patriotiques. »
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