Empire Romain, de -753 à 1945?

L’Empire Romain, ayant légué à une majorité l’Europe la culture latine, a plus qu’influencé l’histoire de par son monopole historique sur l’antiquité occidentale. En

janvier 395, les Huns traversent le Danube gelé et envahissent la plaine de Mésie en marchant jusqu’aux Alpes. Ils profitent de la faiblesse de la frontière à l’est et sur le Danube inférieur, l'empereur Théodose Ie ayant retiré les légions des provinces orientales. Les Goths, peuple germanique migrent alors dans l’empire afin de fuir l'avancée Huns. C’est ce qu’on appelle « les invasions barbares ». En 475, après presque un siècle de décadence pour l’Empire romain, Flavius Oreste, ancien secrétaire d'Attila, chassa l'empereur Julius Nepos et proclame son propre fils, Romulus Augustule, empereur. Cela n’empêchera pas Rome de tomber, en 476, marquant la fin de l’empire.

Mais ce serait faux de dire que l’empire s’est éteint à cette date. En effet, bien que certains poches romaines surviventdans des coins isolés de l’Empire, l’Empire Romain d’Orient, plus connu sous le nom d’Empire byzantin continuera la tradition impériale jusqu’en 1453. Jusqu'à l'avènement d'Héraclius en 610, l'Empire byzantin fut unanimement reconnu comme la continuation directe de l'Empire romain qu'il tenta de reconstituer. Cet empire, mélange de pouvoir romain et de culture helléniste sera un pole majeur de l’art et de la culture en Europe durant le Moyen Âge et le début de la Renaissance. Mais à mal en 1204, lorsque, alors que la quatrième croisade doit reprendre Jérusalem, les bateaux vénitiens transportant les croisés dévient vers Constantinople afin de mettre à sac la ville orthodoxe, l’empire ne survivra pas aux invasions musulmanes, notamment de la part des Ottomans qui récupéreront la quasi-totalité de son territoire. Cependant, l’héritage de l’empire ne se limite pas au célèbre Empire Byzantin. En effet, en 843, le petit-fils de Charlemagne meurt et son empire est divisé entre ses

trois fils, c’est le fameux « traité de Verdun ». Si la partie occidentale deviendra la France, la partie centrale, gouvernée par Louis le Germanique, se décompose en 888 en de nombreux petits royaumes indépendants comme la Bourgogne ou l’Italie. Alors qu’il se produit la même chose dans la partie orientale, il faudra attendre 936 et l’arrivée au pouvoir d’Otton 1er, et sa victoire sur les Hongrois, le pape Jean XII le sacre empereur de l’Empire carolingien. Cependant, alors que la réunification avec la partie occidentale (la Francie) semble impossible, l’empire prend le titre de « nouvel Empireromain ». Reprenant les codes de l’Empire Romain, de l’importance du catholicisme aux symboles comme l’aigle bicéphale, cet empire veut se poser comme continuation de l’Empire, même après la perte de l’Italie durant la renaissance. Cet empire à l’Histoire chaotique traversera les siècles, notamment grace aux Habsbourg qui l’empêcherontplus d’une fois de s’éteindre. Il faudra attendre 1806 pour que Napoléon 1er mette fin à cet Empire millénaire.

L’Héritage de l’Empire passe également par la Russie Impériale. En effet, après être devenue la capitale du seul État indépendant orthodoxe au 15ème siècle, Moscou aurait reçu comme mission de protéger la foi orthodoxe et les traditions de la Rome impériale (première Rome) après la chute de Constantinople (deuxième Rome) en 1453. Cette dernière fut alors nommée « troisième Rome ». Cette lutte contre Rome pour la domination de la chrétienté est ce qui permet à Basile II de se revendiquer comme empereur romain. Philothée de Pskov, théoricien de la troisième Rome, écrivit: « Sachez, empereur très pieux, que tous les empires appartenant à la religion chrétienne orthodoxe, sont maintenant réunis dans votre empire : vous êtes le seul empereur des chrétiens du monde entier… Tous les empires chrétiens se trouvent réunis dans votre empire. Après vous, nous attendons l’Empire qui n’aura pas de fin… Deux Rome sont tombées, mais la troisième demeure et il n’y en aura pas de quatrième. ». Le titre même de « tsar », signifiant empereur, est un héritage direct de la Rome antique puisque dérivé de « César ». L’Empire Russe reprend alors les codes romains à commencer par l’aigle bicéphale ou les rites de couronnement. Le mythe de la troisième Rome, bien que perdant en influence au cours des années, fut définitivement interrompu par la mort de Nicolas II en 1917 et la fin de l’Empire.

Nous pourrions alors croire qu’avec l’avènement des temps modernes, l’héritage de l’Empire romain aurait tendance à s’estomper comme avec la chute des deux continuations de l’empire et de la Russie Impériale en 1917. Cependant, en 1922, alors que le « duce » accede au pouvoir en Italie, Mussolini va mettre en place un véritable retour idéologique de l’Empire romain, premièrement à des fins de propagande. Il dira notamment: « Rome est notre mythe. Nous rêvons d'une Italie romaine, c'est-à-dire sage et forte, disciplinée et impériale ». Ce dernier, se servant une fois encore des symboles antiques comme les faisceaux des licteurs ou l’aigle, veut rendre à l’Italie Sa Grandeur en envahissant par exemple l’Éthiopie dans les années 30. Pour sa part, Hitler se revendique chef du IIIeme Reich, se mettant directement dans la lignée du Saint Empire Romain Germanique (le premier Reich).

Si les nombreux empires ont repris plus tard le titre de Romain c’est en partie grace à l’aura que cet empire eut sur la civilisation occidentale, par sa longévité et par ses succès militaires et sociaux. L’Empire Romain sonne comme un territoire millénaire et unconquerable qui depuis sa création en 753 avant JC, n’a cessé d’exister, sous la forme de monarchie, puis de république, puis d’empire, puis sous sa forme byzantine et germanique, plus tard par la Russie puis sous sa forme fasciste, ne laissant techniquement que 5 ans (1917-1922), sans Empire romain sur terre sur une période s’étalant de -753 à 1945.

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